Développer et gérer la ressource

Les deux piliers d'une coopération transfrontalière

La lecture des articles précédents nous démontre l’impératif de développer et gérer la ressource en eau dans le Bassin du Congo.

Développer la ressource en eau, c’est développer les infrastructures vitales afin de fournir à nos 100 millions d’usagers de l’eau au moment opportun, à l’endroit approprié et dans une qualité adéquate. Dans plupart des cas, l’eau doit être prélevée, stockée, transportée et traitée. Des opérations qui supposent toute une panoplie d’infrastructures et d’aménagements hydrauliques, tels que des pompes, des barrages, des digues, des canaux, des systèmes d’égouts ou encore des stations d’épurations.

Prenons un exemple concret : selon une estimation du PNUE réalisée en 2010 sur six provinces, porter l’accès direct à l’eau de 27% aujourd’hui à 60% d’ici 2020 en RDC nécessiterait, notamment, l’aménagement de 11.875 sources, requérant 716 systèmes de canalisations, 13.056 pompes manuelles et mécaniques et 707 forages avec pompes électriques. Cette estimation souligne le rôle crucial des sources et des eaux souterraines. On comprend également l’importance des systèmes de collecte des données et des études hydrogéologiques pour la production des informations indispensables à la planification d’une utilisation efficace et durable des ressources hydriques souterraines. (Source : PNUE, 2010)

Gérer l’eau, c’est d’abord comprendre que les usages de l’eau impactent la quantité ou la qualité de l’eau prélevée ou rejetée dans le réseau hydrique, et comprendre que l’utilisation par certains usagers peut nuire à d’autres. D’où la nécessité de coordonner les différents usages de l’eau tout comme leurs futurs développement, afin de réduire leurs impacts négatifs et de partager ses avantages. C’est le défi de la gestion intégrée des ressources en eau, plus communément appelée GIRE, objet du second mandat de la CICOS (le premier portant sur la navigation), dans un contexte de coopération transfrontalière.

La GIRE, telle qu’elle a été définie dans le document « Partenariat mondial de l’eau 2000» est « un processus qui encourage la mise en valeur et la gestion coordonnée de l’eau, des terres et des ressources associées en vue de maximiser le bien-être économique et social qui en résulte d’une manière équitable, sans compromettre la durabilité d’écosystèmes vitaux ».

Afin d’avoir une idée plus claire de la complexité de cette gestion, on se reportera aux recommandations clefs du PNUE pour améliorer l’accès à l’eau (dont on recommande la lecture du rapport « Problématique de l’eau en RDC, 2010 »): 1. Développer des politiques nationales de l’eau, des stratégies sectorielles et des dispositions statutaires ; 2. Développer des systèmes nationaux d’information sur l’eau ; 3. Investir dans la gestion autonome et communautaire des infrastructures d’eau à l’échelle locale ; 4. Mettre en œuvre un programme de renforcement des capacités pour les institutions décentralisées en charge de l’eau ; 5. Développer et mettre en œuvre des plans de protection des sources au niveau des bassins versants.

L’intégration au niveau régional que promeut la CICOS contribue à une meilleure harmonisation des politiques et de la gouvernance, par la mise en place d’outils juridiques et institutionnels et par le développement d’une vision partagée.

Les enjeux de la coopération transfrontalière ? Permettre aux états du bassin de réhabiliter les sous-bassins versants dégradés, de satisfaire la demande accrue en eau, de détendre les relations régionales et de promouvoir la conservation des sols et de l’eau, la production agricole et énergétique, l’intégration des marchés régionaux ainsi que le commerce transfrontalier.

19.11.2014